Réparations à Haïti : « Ce vote ouvre une fenêtre sur demain », selon le coordonnateur du KAAD, Rodolphe Mathurin

Vendredi 6 juin 2025, l’Assemblée nationale française a adopté une résolution historique visant à reconnaître et à envisager le processus de restitution de la « double dette » imposée à Haïti en 1825 par le roi Charles X. Pour le professeur Rodolphe Mathurin, un progressiste haïtien, coordonnateur du Collectif Haïtien des Afro descendants (KAAD), cette décision marque un tournant symbolique et politique majeur dans la lutte pour la justice historique.

Selon lui, ce vote représente « un message au monde » : la question haïtienne, notamment celle de la rançon de 1825, figure désormais parmi les enjeux fondamentaux appelant à une refondation des relations internationales sur des bases éthiques nouvelles. « Avec la rançon de 1825, la France nous a forcés à payer, une fois de plus, avec notre sang, ce que nous avions arraché avec notre sang : la liberté », déclare-t-il avec gravité. Il salue la clairvoyance des députés qui ont soumis la résolution, y voyant une preuve que la conscience mondiale évolue face à l’héritage du colonialisme.

Au-delà de la portée symbolique, Rodolphe Mathurin insiste sur les obligations concrètes que ce texte suggère : la reconnaissance officielle de l’injustice, la prise en compte de ses effets prolongés sur la société haïtienne, et l’engagement à envisager le remboursement de cette dette injustement honorée par Haïti jusqu’au début du XXe siècle.

Aux critiques, notamment celles venues de l’extrême droite française, qui évoquent un « danger de précédent », Mathurin répond fermement : « Ce serait d’abord justice. Ce n’est pas un danger, c’est une opportunité : celle de réconcilier les peuples, de rétablir la fraternité et de construire une paix fondée sur la reconnaissance des torts. » Il en appelle à la France pour qu’elle se montre à la hauteur des idéaux de 1789, réaffirmés avec force par la Révolution haïtienne : « Tout moun se moun ».

La résolution n’a certes pas encore force de loi, mais elle constitue selon lui une « fenêtre sur demain » : un espoir pour Haïti, pour la France, et pour toutes les victimes de l’esclavage et de la colonisation.


La rédaction


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