Haïti-France : Vers la réparation historique ? Une résolution française relance l’espoir.
Vendredi 6 juin 2025, l’Assemblée nationale française a voté une résolution historique invitant le gouvernement français à reconnaître l’injustice infligée à Haïti par la rançon de 1825, à considérer ses conséquences, et à envisager la restitution de ce que beaucoup qualifient de « double dette ». Une initiative portée par le groupe Gauche démocrate et républicaine (GDR) et adoptée par 59 voix contre 9. Cette résolution, bien que symbolique, représente un tournant important dans le débat sur les réparations post-coloniales.
Pour Rodolphe Mathurin, professeur de mathématiques et militant progressiste haïtien, ce vote est porteur d’un message fort. « Il s’agit d’un message au monde : la question haïtienne, cette rançon spécialement, fait partie des éléments clés qui exigent de redéfinir les relations internationales sur la base d’une autre éthique », affirme-t-il. Il rappelle que cette rançon imposée sous la menace de 500 canons représentait une violence inouïe contre la première République noire, contrainte de payer pour sa liberté conquise. Il souligne également que cette initiative s’inscrit dans une conscience mondiale grandissante et dans un combat lancé depuis 2001 par le président Jean-Bertrand Aristide.
Mathurin, le coordonnateur du KAAD (collectif haïtiens des afro-descendants) salue le courage des parlementaires français qui ont porté cette résolution, y voyant un pas significatif pour sortir des subterfuges diplomatiques. Il rappelle que la résolution appelle le gouvernement à reconnaître solennellement l’injustice, à en évaluer les conséquences sur la société haïtienne, et à envisager un processus de restitution. Pour lui, cette démarche ouvre une fenêtre sur demain : « Ce n’est pas encore une loi, mais une brèche vers la justice, la réconciliation et la paix mondiale. »
De son côté, Derynx Petit-Jean, professeur et responsable du Collectif Rançon de 1825, insiste sur la nécessité de vigilance. Selon lui, le choix du mot "rançon" plutôt que "dette" n’est pas anodin : il marque une reconnaissance plus explicite de la violence symbolique et économique subie par Haïti. Mais il met en garde : « Il faut veiller à ce que cette résolution ne soit pas un simple geste pour la galerie. La meilleure manière pour la France de laver son visage, c’est de réparer Haïti dignement, de manière juste. »
Derynx appelle les Haïtiens à maintenir la pression sur les autorités, aussi bien nationales qu’internationales, pour transformer cette résolution en action concrète. Il reconnaît l’éveil d’une conscience dans la classe politique française, tout en dénonçant les 9 députés qui ont voté contre, qu’il qualifie de « minorité inconsciente et récalcitrante ».
Ce vote, bien que symbolique, ravive un espoir longtemps étouffé : celui de voir enfin la France reconnaître et réparer les injustices historiques infligées à la première république noire du monde. Pour des voix militantes comme celles de Rodolphe Mathurin et Derynx Petit-Jean, l’heure est à la mobilisation continue, à la vigilance citoyenne et à la solidarité internationale. La réparation ne sera pas un cadeau, mais le fruit d’un combat lucide, acharné et légitime pour la dignité d’un peuple qui, hier comme aujourd’hui, refuse l’oubli.
Lominy Edmond, Journaliste rédacteur, Avocat au barreau de Petit-goâve, Psycho-énergéticien
Adresse électronique: voixlibreinfo@gmail.com
Voix libre info: Pas neutre. Pas soumis. Radicalement libre.
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