QUAND LE BUDGET RECTIFICATIF, PRETEXTE À L'ÉTAT DE GUERRE, ENRICHIT LES 9 CONSEILLERS DU CPT ET PERPÉTUE LE RÉGIME PHTK.

Alors qu’en mai 2023, l’économiste Fritz Alphonse Jean critiquait sévèrement le gouvernement d’Ariel Henry pour avoir gaspillé plus de 90 millions de gourdes dans les festivités de la Fête du Drapeau, les nouvelles autorités de transition ne semblent pas faire mieux.

Le 18 mai 2025, le CPT et le gouvernement Alix Didier Fils-Aimé ont organisé la célébration de la Fête du Drapeau au Cap-Haïtien, dans le département du Nord du d'Haïti. Selon les données communiquées, le budget alloué pour les festivités était estimé entre 300 et 400 millions de gourdes.

Selon les données communiquées, le budget alloué pour les festivités était estimé entre 300 et 400 millions de gourdes.

Un tel montant, dans un contexte où la misère, la faim, l’insécurité et le chômage ravagent les masses haïtiennes, suscite une indignation croissante. Alors que la majorité de la population vit dans des conditions inhumaines, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), dominé dans sa composition par les figures issues du PHTK et de ses alliés, semble avoir d’autres priorités.

Fritz Jean, aujourd’hui président du CPT, avait pourtant lui-même déclaré lors de son investiture que « Haïti est en état de guerre ». En ce sens, un budget rectificatif a bel et bien été élaboré. Officiellement, il devait refléter les urgences de la nation : sécurité, santé, logement, éducation, relance agricole. En réalité, ce budget est devenu une vaste manœuvre d’enrichissement au sommet. Les neuf conseillers du CPT, sans transparence ni résultats tangibles, se sont partagé les privilèges, les ressources et les postes, pendant que la crise s’approfondit dans toutes les sphères de la vie nationale.

À l’heure où les écoles ferment, les hôpitaux manquent de tout, les insuffisants rénaux abandonnés et où des familles entières fuient les zones de guerre urbaine, la priorité est donnée à des parades, des décorations et des discours sans impact. Aucune avancée concrète n’a été observée sur les questions clés : pas d’amélioration sécuritaire, pas de plan de relance agricole, pas d’investissement dans l’éducation publique, ni de programme de soutien aux déplacés internes.

Ce budget rectificatif, présenté comme un outil de sauvetage national, s’apparente de plus en plus à un instrument de reproduction du pouvoir oligarchique. Sous un vernis de transition et de rupture, c’est toujours le système du PHTK qui est à la manœuvre, poursuivant sa politique d’accaparement et d’exclusion.

Dans ce contexte, célébrer le drapeau national devient un exercice creux si les actes des dirigeants foulent aux pieds les principes d’indépendance, de dignité et de justice que symbolise ce drapeau. Le peuple haïtien mérite mieux qu’un budget de guerre contre lui-même.

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