« Journée mondiale de l’agriculture et du travail : Haïti sous la menace, travailleurs et paysans en détresse »
Par Lominy Edmond, pour Voix Libre Info
En cette Journée mondiale de l’agriculture et du travail, le contraste est criant en Haïti. Tandis que le monde célèbre les travailleurs et les paysans, ces derniers, en Haïti, sont pris en étau entre la violence armée, l’inaction de l’État et un système économique néocoloniale.
Les routes nationales sont sous le contrôle de gangs lourdement armés. Dans les zones rurales, en particulier celles considérées comme le « grenier du pays », les paysans sont contraints à l’inaction, paralysés par la terreur. Même ceux qui parviennent à cultiver leurs terres malgré tout ne peuvent vendre leurs produits : les circuits de distribution sont bloqués, aggravant l’insécurité alimentaire et accentuant la dépendance du pays aux importations.
Dans les villes, la situation est tout aussi dramatique. De nombreuses usines de sous-traitance ont cessé leurs activités à cause de l’insécurité. Les ouvriers qui continuent à travailler dénoncent des conditions de vie inhumaines : un salaire si dérisoire qu’il ne permet même pas d’acheter de quoi se nourrir. Les habitants des quartiers populaires, eux, fuient les violences et dorment à la belle étoile, livrés à eux-mêmes.
Face à cette situation, le syndicat Batay Ouvriye a organisé une conférence-débat intitulée « Premier Mai : Résistance contre l’insécurité programmée ». À cette occasion, le syndicat a réclamé un salaire minimum de 2 500 gourdes, ainsi qu’un véritable accompagnement social pour les ouvriers et les travailleurs/ses du pays.
Péguy Noël, dirigeant du (centrale unitaire des travailleurs du secteur public et privé d'Haïti) CUTRASEPH et de l’union nationale des normaliens haïtiens (UNNOH), a pris la parole pour rappeler que selon la Constitution de 1805, « la richesse d’Haïti est dans la terre ». Il accuse l’État haïtien, qualifié de « courtier de la classe dominante », de ne pas valoriser l’agriculture et de bloquer toute réforme agraire. Selon lui, l’insécurité actuelle est un outil utilisé pour étouffer les revendications légitimes de la classe populaire. Il a lancé un appel à l’unité des travailleurs et travailleuses et la classe populaire d’Haïti afin de « reprendre leur dignité » et a exhorté les travailleurs du monde entier à lutter ensemble contre le système néo-esclavagiste qui maintient les peuples du Sud dans la pauvreté et la dépendance.
Ce 1er mai 2025 n’aura donc pas été un jour de célébration en Haïti, mais bien un jour de dénonciation et d’appel à la résistance.
Lominy EDMOND, Journaliste rédacteur/Avocat au Barreau de Petit-goâve, Psycho-énergéticien.
Adresse électronique: voixlibreinfo@gmail.com.
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