200 ans après la rançon de 1825 : l’Assemblée des Peuples de la Caraïbe exige justice et réparation pour Haïti.
Le 17 avril 1825, le roi de France Charles X signait une ordonnance imposant à Haïti le paiement d’une rançon de 150 millions de francs or, comme condition à la reconnaissance de son indépendance, acquise 21 ans plus tôt au prix d’une lutte héroïque contre l’esclavage et le colonialisme. Deux siècles plus tard, l’Assemblée des Peuples de la Caraïbe (APC) exprime son indignation et lance un appel international à la justice, à la restitution et à la réparation.
Composée de 23 pays et territoires de la région, dont la Jamaïque, Cuba, la République dominicaine, Trinidad et Tobago, la Barbade et d’autres, l’Assemblée des Peuples de la Caraïbe se veut une voix collective des peuples caribéens pour la justice sociale, la souveraineté, et l’émancipation des héritages coloniaux.
Une rançon imposée par la force
L’ordonnance du 17 avril 1825 est considérée par l’APC comme un acte d’extorsion impérialiste, imposé sous la menace des canons français. La commission dirigée par le baron Mackau, arrivée avec une flotte de guerre, menaçait de bombarder Port-au-Prince si le président Jean-Pierre Boyer refusait de signer. L’ordonnance, qui ne nomme même pas Haïti mais évoque les « habitants de la partie occidentale de Saint-Domingue », nie ainsi la souveraineté de la première République noire du monde.
Une dette contraire aux lois de la guerre
Historiquement, ce sont les vaincus qui paient des indemnités aux vainqueurs. En imposant une indemnité à Haïti pays victorieux pour dédommager les anciens colons esclavagistes, la France a inversé la logique du droit international de l’époque. La somme exigée incluait même la « valeur marchande » des esclaves, pourtant affranchis légalement depuis 1793 dans la colonie et 1794 en France.
Un système de domination économique durable
Même après la réduction de la dette à 90 millions de francs en 1838, les nouvelles conditions ont instauré une relation néocoloniale : ventes de café à bas prix, privilèges douaniers pour les navires français, et prêts usuraires contractés auprès de banques françaises pour financer la dette. Cette “double dette” qu' a saigné Haïti pendant plus de 127 ans, engloutissant jusqu’à 80 % de ses recettes fiscales annuelles, bloquant le développement économique et alimentant la déforestation pour générer des liquidités.
Un crime contre l’humanité et un combat actuel
L’APC rappelle que l’esclavage est reconnu comme crime contre l’humanité par la loi française Taubira (2001), et estime que la rançon de 1825 en est une prolongation directe. Les montants évoqués pour la restitution varient : 21,7 milliards USD selon Jean-Bertrand Aristide, 28 milliards selon l’économiste Thomas Piketty, et jusqu’à 115 milliards selon d’autres estimations incluant les effets cumulatifs de la dette et des réparations non versées.
La souveraineté du peuple haïtien au cœur de la réparation
Pour l’économiste et le représentant de l'APC en Haïti, Camille Chalmers, les véritables victimes de cette rançon odieuse furent les paysans haïtiens. Ce sont eux, ainsi que l’ensemble du peuple haïtien, qui ont supporté le poids écrasant de cette dette et qui doivent aujourd’hui être les seuls à décider de l’utilisation des fonds restitués. Chalmers met en garde contre toute tentative de la France d’imposer des mécanismes de contrôle ou de collaboration bilatérale pour gérer ces fonds.
Selon lui, une vigilance extrême est nécessaire pour éviter que la France ne récupère, sous d’autres formes, l’argent qu’elle se serait engagée à restituer. La souveraineté populaire doit être absolue dans ce processus : ce sont les Haïtiens qui doivent définir les priorités, les mécanismes et les finalités de la réparation.
La rançon imposée à Haïti en 1825 n’est pas un simple épisode du passé : elle incarne l’un des actes les plus cyniques de la domination coloniale moderne. Ses conséquences se font encore sentir dans les structures économiques, sociales et environnementales du pays. En exigeant réparation, l’Assemblée des Peuples de la Caraïbe ne réclame pas seulement le remboursement d’une dette illégitime, mais la reconnaissance d’un crime historique et la restauration de la dignité d’un peuple qui a osé défier l’ordre esclavagiste mondial. La justice ne peut plus attendre. La France doit rendre ce qu’elle a volé. Haïti ne doit plus porter seule le fardeau d’une liberté qu’elle a arrachée pour elle-même et pour l’humanité tout entière.
Lominy EDMOND, Journaliste rédacteur/ Avocat au Barreau de Petit-goâve, Psycho-énergéticien
Adresse électronique: voixlibreinfo@gmail.com
https://haitinominustah.wordpress.com/2025/04/16/200-anos-despues-del-rescate-de-1825-la-asamblea-de-los-pueblos-del-caribe-exige-justicia-y-reparaciones-para-haiti/
RépondreEffacerGracias 🫂
Effacer